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Librarioli D - ÉDITION ET POUVOIR
ⶠ08.06.20
âșLoraine Furter - CC BY CA
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ĂDITION ET POUVOIR
Dans lâhistoire occidentale, la publication a depuis lâinvention de son format papier, le livre, une position centrale. Les formes Ă©crites, puis plus prĂ©cisĂ©ment imprimĂ©es, sont devenues primaires par rapport Ă dâautres formes de communication. Elles le restent encore aujourdâhui dans beaucoup de domaines, et particuliĂšrement dans les milieux acadĂ©miques et scientifiques, oĂč une proposition nâexiste pas vraiment si elle nâa pas Ă©tĂ© publiĂ©e. Dans ces domaines, la publication a le pouvoir de faire exister.
Câest aussi le cas dans de nouvelles plate-formes dâĂ©critures du savoir, comme WikipĂ©dia, un projet nĂ© en 2001 qui bouleverse la façon dont lâĂ©criture et la diffusion des savoirs a toujours fonctionnĂ©, en proposant une plateforme participative, ouverte Ă tou.te.s et Ă©volutive. Mais le systĂšme de validation des sources de ce savoir y reste inscrit dans la tradition de la primautĂ© du « publiĂ© » : chaque information, pour ĂȘtre ajoutĂ©e, doit ĂȘtre justifiĂ©e par la citation dâune source publiĂ©e. Un mĂȘme mĂ©canisme de validation que dans les domaines acadĂ©miques et scientifiques dĂ©finit quelles informations pourront ĂȘtre inscrites dans lâhistoire qui sâĂ©crit en ligne sur WikipĂ©dia, et lesquelles en seront exclues. Dans un workshop organisĂ© avec Just For The Record , le collectif cyberfĂ©ministe dont je fais partie, nous avons voulu crĂ©er une page sur le New Womanâs Survival Catalog , une publication fĂ©ministe publiĂ©e en 1973, rĂ©fĂ©rençant des initiatives et des outils par et pour des femmes aux Ătats-Unis.
Contrairement Ă la publication dont elle sâinspire, le Whole Earth Catalog , catalogue dâoutils de contre-culture Do It Yourself , rĂ©cemment ramenĂ© au devant de la scĂšne par lâexposition Access to tools au MoMA Ă New York, il est difficile de trouver des publications au sujet du New Womanâs Survival Catalog . Bien quâil ait lui-mĂȘme Ă©tĂ© publiĂ©, et vendu Ă plus de 100â000 dâexemplaires (il a fait partie de la liste des meilleures ventes du New York Times Ă sa sortie, disent fiĂšrement les deux initiatrices du projet dans une interview), faute de sources, ce catalogue ne peut donc pour lâinstant pas figurer sur WikipĂ©dia. Il nâest mĂȘme pas sĂ»r que sa mention ici, dans cette publication, suffise pour justifier sa prĂ©sence sur lâencyclopĂ©die en ligne.
The New Womanâs Survival Catalog , Kirsten Grimstad and Susan Rennie, Coward, McCann & Geoghegan, 1973.
Si la publication imprimĂ©e a imposĂ© un rapport de supĂ©rioritĂ© sur dâautres formes de communication, notamment sur les formes orales, rapport dont nous hĂ©ritons encore aujourdâhui, au sein mĂȘme des publications existent des hiĂ©rarchies de lĂ©gitimitĂ© de certaines formes. Ces hiĂ©rarchies sont dĂ©finies par chaque domaine. La censure religieuse et Ă©tatique a par exemple longtemps fait le tri entre publications officielles et publications interdites, par le moyen de publications de listes de livres, les Index. Au fil des siĂšcles certaines formes ont Ă©tĂ© identifiĂ©es comme plus lĂ©gitimes que dâautres. WikipĂ©dia prolonge cette tradition en faisant valoir une hiĂ©rarchie de jugement des sources sĂ©rieuses, qui pose par exemple une publication acadĂ©mique comme Ă©tant une source plus fiable quâun essai auto-publiĂ©. La publication secondaire (une publication sur un sujet) y vaut plus quâune publication primaire. « Parler de » y vaut plus que parler.
marges
La notion de marge se retrouve dans le vocabulaire de lâĂ©dition et dans celui du fĂ©minisme intersectionnel. Les marges sont cartographiĂ©es par Kimberley Crenshaw dans Mapping the Margins : Intersectionality, Identity Politics, and Violence Against Women of Color (1994) , et Ă©tudiĂ©es par Bell Hooks comme espaces dâoppression dans From margin to center (1984) mais Ă©galement comme espaces de rĂ©sistance Marginality as site of resistance (1992).
En marge de lâĂ©dition officielle, lĂ©gitime, ont toujours existĂ© des pratiques alternatives, sâappropriant les outils de publication pour faire circuler des idĂ©es et rassembler des communautĂ©s. Livres de colportage, pamphlets, samizdat, zines et blogs, ont ainsi toujours contribuĂ© Ă former des contre-points aux formes dâĂ©dition majoritaires.
Les nouvelles formes de publications hybrides, apparues ces derniĂšres annĂ©es ont fait exploser la notion de publication telle quâelle existait aux pĂ©riodes dâexclusivitĂ© du format livre papier.
Aujourdâhui, les supports de publication se sont multipliĂ©s, les contenus peuvent exister simultanĂ©ment sous plusieurs formes diffĂ©rentes et complĂ©mentaires, remettant en jeu ce quâest une « publication ». Et ces nouveaux formats digitaux et hybrides permettent lâinclusion de formes longtemps dĂ©considĂ©rĂ©es et rejetĂ©es de lâĂ©criture de lâhistoire « officielle », comme lâont Ă©tĂ© les formes de transmission orales.
Publier suppose la transmission dâun message dâune personne ou un groupe de personnes, Ă un autre groupe de personnes.
Ce qui peut paraĂźtre trĂšs simple est en fait extrĂȘmement complexe, notamment pour des questions dâaccĂšs. AccĂšs au statut dâ« Auteur », dâ« Ă©diteur » et aux moyens de production, mais aussi accĂšs dâun public aux publications distribuĂ©es.
accĂšs
LâaccĂšs au statut dâauteur (sic) de production de contenus publiĂ©s a Ă©normĂ©ment changĂ© depuis peu. LâĂ©criture et la publication de celle-ci ont longtemps Ă©tĂ© le privilĂšge dâune trĂšs petite partie de la population, principalement masculine, blanche et de classe aisĂ©eâââles « Auteurs ». Et elle reste encore trĂšs peu diversifiĂ©e dans beaucoup de domaines de lâĂ©dition, particuliĂšrement dans ceux ayant trait Ă lâĂ©criture des savoirs et de lâhistoire (publications scientifiques, livre dâhistoires, WikipĂ©diaâŠ).
Dans un des textes fondateurs des Ă©tudes post-colonialistes, Can the Subaltern Speak ? (1988), Gayatri Spivak met en avant les subalternes, celles qui nâont pas droit Ă la parole, et sont non seulement radicalement exclues de la sphĂšre de la reprĂ©sentation, mais Ă©galement ignorĂ©es de lâhistoire officielle. Ici encore les notions de sources primaires et secondaires sont utiles, car si on ne laisse pas parler (source primaire) les subalternes, on a longtemps « parlĂ© pour » elles (source secondaire), redoublant leur exclusion et leur dĂ©possession de capacitĂ©s dâaction et dâexpression autonome. Et il nâest pas question uniquement dâexpression. Les subaltern studies , dont fait partie Gayatri Spivak, prĂ©viennent que donner la parole ne suffit pas. Il faut Ă©galement crĂ©er les conditions pour que les subalternes sâexpriment et soient entendues.
Jonathan Chauveau, On nâest pas subalterne parce quâon le ressent ! , Entretien avec Gayatri C. Spivak dans Philosophie Magazine, 30 mars 2011.
Il sâagit de lâhistoire dâune jeune Indienne qui sâest pendue en 1926. Sa famille, ses proches, ont expliquĂ© ce suicide par le fait quâelle devait avoir une relation amoureuse illĂ©gitime. Jâai fait ma propre enquĂȘte et dĂ©couvert que cette personne Ă©tait en fait impliquĂ©e corps et Ăąme dans la lutte armĂ©e pour lâindĂ©pendance de lâInde. Et la vĂ©ritable raison de son suicide, ce nâĂ©tait pas, comme tout le monde lâa cru, une forme de suicide correspondant Ă lâidĂ©ologie du satiâââun rituel indien suivant lequel une veuve devait accompagner son mari dans la mort en se jetant dans les flammes de son bĂ»cher funĂ©raireâââmais parce quâelle avait Ă©chouĂ© Ă assassiner un responsable politique ! La « morale » de cette histoire, câest que le suicide de cette Indienne nâĂ©tait en aucune mesure identifiable pour ce quâil Ă©tait, câest Ă dire comme un geste radical de rĂ©volte et un message de protestation politique. Cette subalterne parlait, pourtantâââelle avait laissĂ© une lettre Ă sa sĆur pour faire en sorte que les raisons de sa mort ne soient pas ambiguĂ«s â, mais nous nâĂ©tions pas capables dâachever cet acte de parole, de le traduire, car personne ne pouvait lâentendre.
access to tools
En plus des difficultĂ©s Ă accĂ©der au statut dâ« Auteur » et dâ« Ă©diteur », les outils de production des livres (imprimerie, typographieâŠ) ont Ă©tĂ© et restent encore majoritairement dans des mains dâhommes, blancs, de classe aisĂ©e, dans la sociĂ©tĂ© occidentale.
Dans les annĂ©es 1970âââ1980, le mouvement des presses alternatives a permis le dĂ©veloppement dâateliers dâimpression ouverts Ă un public qui avant y avait difficilement accĂšs : personnes de la classe ouvriĂšre, personnes racisĂ©es, femmes. Ce mouvement a Ă©tĂ© facilitĂ© par le dĂ©veloppement de techniques dâimpression plus abordables quâauparavant, comme de petites presses offset, et la sĂ©rigraphie.
Ă plus petite Ă©chelle, lâarrivĂ©e de la photocopieuse a Ă©galement bouleversĂ© lâaccĂšs aux moyens de production dâimprimĂ©s. Des mouvements militants travaillant Ă lâintersection entre activisme et art, comme Act Up , Lesbian Avengers , Gran Fury et fierce pussy , en ont fait un de leurs moyens dâexpression de prĂ©dilection.
Aujourdâhui, avec Internet et le web 2.0, lâaccĂšs Ă la publication et Ă la distribution de contenus sâest multipliĂ© sans prĂ©cĂ©dent. Et pourtant, les conditions de cet accĂšs (moyens Ă©conomiques, Ă©ducation, censure) font quâil reste encore beaucoup de voix qui ne peuvent toujours pas sâexprimer. Et de nouveau, lorsquâelles le peuvent, encore faut-il quâon les Ă©coute. Lâattention quâon porte Ă ces nouvelles formes de publication, et la valeur qui y est associĂ©e ne sont pas rĂ©parties de maniĂšre Ă©gale. Un blog, si accessible quâil puisse paraĂźtre, nĂ©cessite dâĂȘtre relayĂ© pour ĂȘtre effectivement lu, et il nĂ©cessite de la maintenance. Et si lâon a plus que jamais accĂšs au bouton « publier », on nâa pas toujours de contrĂŽle sur les mĂ©canismes et les conditions dans lesquelles cela se fait (respect de la vie privĂ©e, censure). La publication est une question de distribution, pas seulement dans son potentiel (un stock de livres, un pdf prĂȘt Ă ĂȘtre imprimĂ© Ă la demande, un site en ligneâŠ), mais aussi dans sa rĂ©ception effective par un public.
pour qui ?
Ălisabeth Lebovici, Ce que le sida mâa fait, JRP|Ringier & La Maison Rouge, 2017, p.252âââ253, oĂč lâon voit le travail To Whome It May Concern Catherine Lord, 2011âââ2012..
Plusieurs projets ont depuis quelques annĂ©es repensĂ© la notion de publication en (re)mettant en son centre le public : rendre des choses publiques. Je considĂšre lâĂ©dition comme le fait de rendre des choses publiques. On peut alors rendre des idĂ©es publiques, et en le faisant on construit des publics autour des idĂ©es. Le projet Publication Studio, fondĂ© par Patricia No et Mathew Stadler en 2009, met en avant la dimension collective autour du livre et de sa « vie sociale ». Publication Studio est une sĂ©rie dâespaces de production, de vente et dâĂ©vĂ©nements publics (repas, lecturesâŠ).
The Social Life of the Book est une collection fondĂ©e par la maison dâĂ©dition parisienne Paraguay Press, inspirĂ©e par les rĂ©flexions de Publication Studio. Depuis 2011, cette collection invite des artistes, des graphistes, des critiques, Ă produire des pamphlets de seize pages autour du rapport des livres Ă la circulation des idĂ©es et Ă lâagencement de relations sociales.
Dans son livre Brouhaha Lionel Ruffel sâintĂ©resse aux formes contemporaines de publicationâââmultiples et Ă©tendues, incluant par exemple la lecture, la performance et lâexposition. Publier retourne Ă son sens originel : rendre public, passer de lâexpression privĂ©e destinĂ©e Ă des correspondants prĂ©cis Ă lâexpression pour des publics de plus en plus divers. Se pose alors la question de comment on considĂšre la notion de « public ». De mĂȘme que la conception universaliste des espaces publics comme sphĂšre unique a Ă©tĂ© dĂ©construite par Nancy Fraser, incluant des contre-publics subalternes, arĂšnes discursives parallĂšles dans lesquelles les membres des groupes sociaux subordonnĂ©s Ă©laborent et diffusent des contre-discours, ce qui leur permet de fournir leur propre interprĂ©tation de leurs identitĂ©s, de leurs intĂ©rĂȘts et de leurs besoins, il est important de dĂ©construire la notion de « public » dans publication. Le public ne reprĂ©sente pas un groupe unique, ce nâest pas une conception neutreâŠ
âBooks can go places that other forms canâtâ ou :
Martine Syms, Insights 2014 : Martine Syms, Walker Art Center, 2014
La question de lâespace en tant que tel est Ă©galement trĂšs importante en terme de reprĂ©sentations. On peut considĂ©rer la publication comme un espace, un espace dâexpression, partageable avec un public plus ou moins large et variĂ©, dans lequel on peut se projeter. Travailler la publication avec une perspective fĂ©ministe câest « rĂ©clamer » cet espace, et tenter de le rendre plus safe âââdans la tradition des safe spaces (« environnements sĂ»rs ») dĂ©veloppĂ©s dans les bars lesbiens et gays des annĂ©es 1960, puis dans les mouvements fĂ©ministes, Ă©tablissant des espaces physiques ou numĂ©riques tentant de minimiser les discriminations.
Toutes les publications engagent un rapport au corps, que ce soit par le contact des doigts, ou dâautres membresâââchoose your own adventure . La publication peut aussi ĂȘtre livrĂ©e directement par un corps, Ă travers la pratique ancienne de la lecture Ă voix haute (qui Ă©tait dâailleurs beaucoup plus rĂ©pandue quâelle ne lâest depuis quâon a dĂ©veloppĂ© une lecture en silence, Ă partir du XIe siĂšcle). La lecture Ă voix haute se pratique en solitaire et en groupe. MĂȘme sans support Ă©crit, toute intervention performĂ©e devant un public, rĂ©pĂ©tĂ©e, est proche dâune forme de publication, dans sa transmission dâun contenu Ă un public. Publier est en soi un acte performatif, une performance collective, transformatrice, quâun certain nombre de personnes sâaccordent Ă reconnaitre : ceci est une publicationâââelle peut alors ĂȘtre reçue comme telle, transmise.
La vie dâune publication implique la notion de circulation, mais aussi une circularitĂ©, notamment dans la façon dont les personnes impliquĂ©es passent parfois dâun rĂŽle Ă lâautreâââproduction des contenus, Ă©dition, lectureâââcrĂ©ant par ce fait une communautĂ© autour de la publication.
Si Ă ses origines le travail Ă©ditorial sâest organisĂ© de façon hiĂ©rarchique, avec des rĂŽles comme celui de lâ« Ă©diteur » (en « chef »), de lâ« Auteur », dâautres formes dâorganisation alternatives apparaissent, particuliĂšrement dans les mouvements de presses alternatives et fĂ©ministes des annĂ©es 1970 et 1980. Ces formes dâorganisation explorent la rotation des rĂŽles, pour Ă©viter les monopoles liĂ©s Ă une expertise exclusive, les rapports de domination, mais aussi pour Ă©viter lâaliĂ©nation du travail Ă la chaĂźne. Elles mettent en avant le travail collectif, la prise de dĂ©cisions Ă plusieurs, notamment Ă travers des comitĂ©s de rĂ©daction.
OUT représenter, rendre visible
DYKE, A QUARTERLY, flyer, design Lisa Cowan, 1974.
Publier câest reprĂ©senter et rendre public, et cela pose beaucoup de questions. PubliĂ© par qui ? Ă propos de quoi, de qui ? Comment ? Pour qui ? Ces questions de reprĂ©sentation sont intersectionnellesâââsây croisent des problĂ©matiques de reprĂ©sentations de genre, de race, de classe, de sexualitĂ©, dâĂąge, dâhabilitĂ©s, de religion.
Elles mĂšnent Ă la question de la visibilitĂ©. Lâinvisibilisation est problĂ©matique quand elle nâest pas voulue par un sujet. Mais la visibilitĂ© nâest pas systĂ©matiquement souhaitĂ©e ou souhaitable. Lâanonymat volontaire (lâĂ©crivaine sous pseudonyme Elena Ferrante, les artistes du collectif anonyme Guerrilla Girls) est une stratĂ©gie, aux motifs personnels (qui sont multiples et qui ne regardent que les auteur.e.s), ou collectifs (pour mettre lâaccent sur le collectif plutĂŽt que sur le cas individuel). La dĂ©cision de travailler dans lâanonymat peut ĂȘtre partiellement imposĂ©e, par lâinfluence dâun contexte dĂ©favorable Ă lâidentification, ou complĂštement imposĂ©e dans le cas de censure associĂ©e Ă des risques de rĂ©pressionâââelle peut alors ĂȘtre une question de survie.
« Visibiliser » partage avec « exposer » un double sens, câest un geste extrĂȘmement compliquĂ©, liĂ© notamment Ă lâhistoire colonialiste, et il nĂ©cessite une attention dĂ©cuplĂ©e.
On en revient donc aux questions dâespaces safe et de conditions de reprĂ©sentations. Dans certains cas, les marges peuvent reprĂ©senter un espace safeâââfaire la premiĂšre page ne lâĂ©tant pas toujours. Ces questions restent un enjeu important pour les pratiques contemporaines de lâĂ©dition.
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Pour visiter le site internet de Loraine : wwwâ.loraiâneâfurâterâ.net
Commentaires
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