Dans le cadre du festival Transat — Ateliers Médicis ; Théo Revelen Bernard à mené co-opéra; projet de création graphique et littéraire qui s’articule autour des livres en cours d’édition.
Durant cette résidence de recherche et de transmission il a invité les trois auteur.e.s à venir passer un temps de recherche à l’atelier typographique de Cannes et Clairan. Dans ce même temps ils et elles ont menés des ateliers en compagnie des résidents et résidentes de la pension de famille Lou Recantou. Cette structure est constituée d’habitats mitoyens et d’espaces de vie commune permettant à des personnes en situation difficile de reprendre peu à peu confiance en elles afin de se ré-acheminer vers un mode de vie autonome. Durant ce mois de juillet 2022 Théo, Manuel, Paola et Vahan ont réalisés trois séries d’affiches poétiques tirées chacunes à 80 exemplaires. Ces affiches s’inscrivent dans les recherches graphiques et éditoriales que mène à ce jour Théo Revelen Bernard. Celles-ci font cohabiter des fonds gravés sur bois au laser et des textes poétiques issus des livres à paraître. Ces affiches ont pour but de faire vivre ces fragments de textes au dehors de l’espace des livres à venir, mettant en circulation ces écrits. Elles constituent des tirages d’art dont les ventes pourront permettre la production des ouvrages auxquels elles sont affiliées. Cet article retrace les grandes étapes de ce mois riche en travail, en découvertes et en tentatives graphiques et littéraires. 

Ainsi, durant un mois, ce sont Manuel Grand, Paola Quilici et Vahan Soghomonian qui ont, avec Théo, imaginé et mis en œuvre trois séries d’ateliers. Ces temps ont eu pour vocation de mettre en partage, autour des textes des auteur.e.s, les méthodes de création de ceux-ci. Les ateliers ont eu lieu au sein de la pension de famille de Marguerittes et les pensionnaires sont venus par trois fois au sein de l’atelier typographique afin d’expérimenter et de découvrir les outils et gestes en présence. Outre l’humanisme débordant des résidents et résidentes et leur accueil généreux ces trois temps de partage auront permis à toutes et tous de découvrir de nouvelles manières de dire, d’écrire et de mettre en espace les mots qui sont les leurs.

Madelaine aux marguerittes, composition réalisée à partir des lectures des poèmes flashs écrits par les résidents.

Le postulat de départ consistait à démystifier le rapport à l’écrit par la mise en place de méthodes à la fois joueuses et expérimentales. En compagnie de Manuel Grand, et via le prisme développé par son texte Ljadno, nous nous sommes questionnés autour de la manière de faire récit. En nous appuyant sur des images apportées par lui, en développant un glossaire aux définitions inventées, en faisant circuler des bribes de textes à plusieurs mains les participant.e.s ont rendus malléables ces récits. Collages, cut-up, cadavres exquis furent les outils simples et pourtant si pertinents qui nous auront permis de développer ces histoires. Dans le même temps Manuel Grand à pu composer, à l’aide de caractères mobiles, une double page issue de son ouvrage. Cette composition a été imprimée sur un fond constituée d’une gravure sur bois. L’affiche qui en résulte est disponible à la vente. Les bénéfices issus de ces ventes seront utiles a la création de l’ouvrage Ljadno.

Paola Quilici est intervenue durant la seconde semaine. Partant du recueil de poèmes en cours de publication et intitulé Confortable l’évidence, Paola a abordé la question de la répétition et de la spatialisation du texte au sein de l’espace de la page. Suite aux lectures des textes d’Yvonne Rainer, de Jacques Roubaud, et Henri Michaux, de Barbara Khöler, de Sylvia Plath et de Leopold Maria Panero nous avons incité les participant.e.s à mettre en œuvre des formes courtes et sensibles. Ensuite nous avons ensemble oeuvré à la réalisation de poèmes-affiches. Le second temps d’atelier au sein de l’atelier typographique nous à permi d’intervenir en surimpression, à l’aide de caractères typographiques en bois, sur les fonds réalisés à Lou Recantou. Ce sont cinq poèmes issus du recueil en cours d’édition qui ont étés composés au plomb et ensuite imprimés sur des fonds réalisés en gravure laser. Ces fonds constituent des réinterprétations graphiques à partir du travail de photogramme développé par Paola Quilici.

Durant la troisième et dernière semaine de résidence Vahan Soghomonian a souhaité explorer le rapport à la mise en voix. Suite à une première journée d’atelier lors de laquelle les langues se sont déliées ce sont des récits de vie poignants qui nous ont été, dans l’intimité de la tisanerie, confiés. Avec discrétion nous avons relevés quelques bribes de ces témoignages qui nous ont ensuite servis à développer des poèmes flashs. Ponctués des sons du Duduk de nombreuses sessions de lectures ont pu permettre aux unes et aux autres de découvrir la largeur du spectre vocal. Enregistrées et recomposées en une pièce sonore c’est au sein de l’atelier et du silo que Vahan Soghomonian a accompagné les résident.e.s durant leurs troisième et dernière visite de l’atelier. Les affiches issus du travail autour du recueil Dyslexies sont encore, à ce jour, en cours d’élaboration.

Nous souhaitons remercier vivement les Ateliers Médicis et Claire Ananos qui nous ont accompagnés avec rigueur et sympathie dans l’élaboration de ce projet, leur aide est précieuse et leur travail d’une grande qualité. Merci également à Habitat et Humanisme et tout particulièrement à Anita De Knuyt dont la générosité et l’organisation semblent tout à la fois infinie et infaillible.
Puis comme il ce doit et avec une grande amitié à toutes celles et ceux qui sont passés découvrir et développer quelques fragments poétiques au sein des ateliers que nous avons proposés : Patricia, Pascale, Maria Marie- Christine, Karine, Amine, David, Sébastien, Christiane, Soso, Jean-Yves, Bernard et Dominique.