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Corps 72 • Milieux affectés
â¶ 29.09.18
âșPauline Chasseray - Peraldi
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ModĂšle 5 â8755
La Linotype est ce que lâon appelle une machine de composition au plomb. Pour Jean-Claude, câest une machine « assez gĂ©niale niveau mĂ©canique ».
Brevetée par Ottmar Mergenthaler le 12 mai 1885, cette machine pÚse 1375 kg et est haute de 2m10.
Un clavier alphanumĂ©rique de 90 caractĂšres Ă effleurer permet dâouvrir lâune des 90 portes du magasin. Ledit magasin est une rĂ©serve Ă matrices savamment ordonnĂ©es selon un systĂšme de marquage par encoches Ă sept positions, qui permet de distinguer les caractĂšres par un codage binaire. Lorsque lâon caresse une des touches du clavier, la porte associĂ©e sâouvre et fait tomber une matrice dans un des toboggans. La longueur dâappui sur une touche correspond Ă une durĂ©e dâouverture de porte. La dĂ©licatesse permet la mesure, la brutalitĂ© lâexcĂšs.
La Linotype opĂšre mĂ©caniquement la justification des lignes-blocs ou lignes-squelettes en insĂ©rant des blancs ajustables. La ligne enfin composĂ©e, le linotypiste presse un levier envoyant cette ligne dans la chambre de coulĂ©e. La machine dispose dâun creuset avec du plomb en fusion quâelle projette sur la ligne-squelette faisant office de moule. La ligne typographique ainsi formĂ©e tombe dans un bras de fer, tandis quâun bras mĂ©canique sâoccupe de ranger fissa les matrices utilisĂ©es pour les remettre dans leurs magasins respectifs. Le lingot de plomb fondu est nommĂ© saumon. Aussi, il semblerait que la machine produise un son raisonnable et une chaleur relative, rendant son usage a priori agrĂ©able Ă celui qui lâactionne. Lâinvention de cet engin a permis de basculer dâun rĂ©gime dâimpression de 1200âââ1300 signes par heure Ă un rĂ©gime de 7000âââ10000 signes par heure. Ce progrĂšs technique a eu pour consĂ©quence lâexplosion de la presse quotidienne.
Le modĂšle 5 â8755 de Jean-Claude sur lequel nous avons basĂ© nos observations, nâest aujourdâhui plus en activitĂ© et est amputĂ© de son bras mĂ©canique.
Ă la question « quelle est la machine que tu affectionnes particuliĂšrement », Jean-Claude rĂ©pond : la presse Ă platine Heidelberg. Ces inventions du â ©â â ©eme ont cela de remarquable quâelles allient esthĂ©tique du design, animation spectaculaire, mĂ©canique dĂ©montable.
Grace Ă un systĂšme de pinces en hĂ©lice fixĂ© sur une piĂšce pivot, et de sucettes, la machine aspire de son bras droit les feuilles, les attrape de ses pinces pivotantes, les plaque sur la presse et les dĂ©pose sur une plaque de fer par un souffle de son bras gauche. La mĂ©canique Ă sucettes aspire les papiers vierges, et les recrache encrĂ©s. Lorsquâelle sâanime, le bruit de son souffle lui donne ce supplĂ©ment dâĂąme.
La piĂšce centrale en fonte noire est semblable Ă un cyclope façonnĂ©. Lâenfant ThĂ©o fascinĂ© y voyait un dĂ©vot mystique se prosternant. Dans notre cas, une araignĂ©e laborieuse.

modĂšle 5
Sur le mur, un peu Ă gauche, est accrochĂ© un poster des SociĂ©tĂ©s Savantes pour la 3eme sĂ©rie des Causeries dâInitiation. Au programme, une enquĂȘte chez les non conformistes selon le dĂ©roulĂ© suivant : libre penseur le 3 avril, fĂ©dĂ©raliste le 10 avril, libertaire le 17, pacifiste le 24, rĂ©volutionnaire le 1er mai, individualiste le 8 mai, syndicaliste le 15, athĂ©e le 22, et anarchiste le 29.
La prĂ©sence de cette affiche se justifie par la proximitĂ© Ă lâĂ©poque du propriĂ©taire des lieux avec ces courants. Les typographes et les imprimeurs, dĂ©tenteurs privilĂ©giĂ©s du savoir et de la production des textes, ont pendant longtemps Ă©tĂ© les premiers Ă organiser les conditions de possibilitĂ© dâune lutte.
La crĂ©ation de lâ« association typographique et philanthropique de Nantes » remonte Ă mai 1833, Ă lâinitiative de 75 ouvriers-typographes qui sont passĂ©s outre lâautorisation du prĂ©fet, la loi Waldeck Rousseau lĂ©galisant les syndicats professionnels nâayant Ă©tĂ© votĂ©e que le 21 mars 1884.
Dans un essai de 2015, Bernard Boller rappelle quâĂ partir de la fin du Second Empire, suite Ă la dĂ©capitalisation de Paris au profit de Versailles, mille cinq cents hommes typographes se sont engagĂ©s dans le mouvement insurrectionnel. Ces hommes sont passĂ©s, comme il le titre, « de la casse au fusil ».
GEMP
De nos jours, certains sâessaient Ă modĂ©liser les catastrophes humaines. Lâacronyme GEMP condense ce que lâon appelle des « pĂ©rils » dans le milieu de lâassurance, soit les grĂšves, les Ă©meutes, et les mouvements populaires.
Les risques socio-politiques sont un des enjeux contemporains majeurs pour les assurances. Dans ce contexte, les hauts techniciens de lâassurance sâĂ©vertuent Ă proposer un ensemble de modĂ©lisations mathĂ©matiques pour stabiliser lâinstabilitĂ©, dans une tradition de lâanalyse de la « sinistralitĂ© ».
Dans un article intitulĂ© « GrĂšves, Ă©meutes et mouvements populaires : gestion du risque et modĂ©lisation », Bastien Potentier cite le directeur du dĂ©veloppement commercial pour lâEurope Continentale chez FM Courtage : « Le risque atypique est ce Ă quoi on ne sâattend pas, un peu comme le cygne noir dont on sait quâil existe mais quâon est toujours surpris de voir surgir ».
Dans la crainte de voir apparaßtre les plumes noires de la colÚre sociale, on modélise, on calcule, on anticipe, pour rassurer les assureurs.
Autour de la notion de risque se dĂ©ploie une typologie qui va de pair avec une histoire en fin de compte assez rĂ©cente, post Seconde Guerre Mondiale, en pleine dĂ©colonisation. Ainsi, la notion de « risque pays » apparaĂźt en 1956 lors de la nationalisation du canal de Suez par Nasser. Il semblerait que le risque pays se manifeste « dĂšs lors quâune crĂ©ance Ă©trangĂšre se trouve contrariĂ©e dans son remboursement du fait des conditions dans le pays dĂ©biteur ».
LâidĂ©e dâune potentielle rationalitĂ© de lâhistoire trouve ses racines auprĂšs de philosophes allemands, dont Hegel dĂ©crivant lâHistoire comme un ensemble de « processus rationnels », ou encore Marx avec lâidĂ©e de « matĂ©rialisme historique ». Dans la perspective de faire de lâhistoire en mathĂ©matiques, le biologiste Peter Turchin fonde en 2003 la cliodynamie, qui propose dâexpliquer le social Ă travers des modĂšles mathĂ©matiques, dans le prolongement de la cliomĂ©trie, qui, elle, se base sur des modĂšles Ă©conomĂ©triques et statistiques, vivement dĂ©battus notamment en France.
Ces approches prĂ©supposent lâexistence dâune mĂ©canique historique, soit lâexistence de lois du mouvement et de lâĂ©quilibre dans lâHistoire. Dans notre mĂ©canique historique du social, il y a des composantes mues par des forces.
La puissance de la modélisation mathématique tient notamment dans sa capacité de synthÚse et sa faculté à rendre commensurable le complexe.
Dans un jeu de transmutation sémiotique la capacité de mobilisation du collectif pour la lutte, devient PMM soit la « Potentielle Mobilisation des Masses » qui trouve son expression mathématique dans la forme suivante :

image GEMP 1
N20-29, câest la part de la population entre 20 et 29 ans, ce sont les « clairons de la jeunesse » selon Turchin.
Dans une homonymie relativement amusante, PME dĂ©signe la Potentielle Mobilisation des Ălites, formule polie pour dĂ©signer lâinĂ©galitĂ© de la rĂ©partition du capital.
Ăa sâĂ©crit comme ça :

GEMP 2
Puis on trouve ça :

GEMP 3
Transposé sous cette forme-là :

GEMP 4
Ce dernier terme, câest lâAngoisse face Ă lâĂconomie de lâĂtat. Câest un indicateur du manque de confiance vis-Ă -vis des actions du gouvernement.
La tension politique peut se calculer ainsi :

image GEMP 5
Selon le travail de certains technocrates et scientifiques, il existerait donc une mécanique de la colÚre.
Les climats
Le mot climat dĂ©signe les conditions ambiantes dâun cadre. A lâancienne coopĂ©rative vinicole de Cannes-et-Clairan, on a pu entendre dire quâil rĂšgne une certaine moiteur lorsquâil y fait chaud, et une certaine humiditĂ© lorsquâil y fait froid. « PoussiĂšreux, ferreux, plomb, encre, essence, bois patinĂ©, papier vieilli, murs moisis ». Odeurs, textures, et sons ont tendance Ă se confondre dans la rĂ©sonance du lieu, amplifiĂ© par ses cuves vides et multiples tuyaux errants. Ils propagent le son, amassent la poussiĂšre, conservent les particules. Dans un coin, un avis sur le saturnisme rappelle les dangers dâune proximitĂ© journaliĂšre avec le plomb.
En Bourgogne, un climat dĂ©signe des parcelles de vignes dĂ©limitĂ©es sur les pentes des CĂŽtes de nuits et de Beaune. En grec contemporain « ta klimata » dĂ©signe des vignes. Avec les variations de tempĂ©rature et de pesanteur de lâair Ă Cannes-et-Clairan ainsi que la prolifĂ©ration des moustiques nous sentons que nous ne sommes non pas entourĂ©s de vignes mais bien de climats.
« VendĂŽme Gras », « Touraine Gras », ces Ă©tiquettes situĂ©s sur les casiers de caractĂšres en plomb entretiennent une lĂ©gĂšre familiaritĂ© avec lâancienne fonction du lieu. On trouve aussi des « grises-accolades », ou un Ă©nigmatique « Jean Tourre ». Sur les t-shirts blancs, la crasse des mains. La nuit, les parois de chiffons ne suspendent quâĂ moitiĂ© la sensation de dormir accolĂ©s. Tous connaissent la qualitĂ© de la respiration des voisins les soupirants, les ronflants, les gĂ©missants. Ailleurs, on peut lire « ZĂ©phir CORPS 20 », rĂ©sumant de façon dĂ©concertante ce dont il est question en cet endroit.

Les Climats
En partie conclusive de son ouvrage de 2011, Tim Ingold prĂ©cise que lâatmosphĂšre est « le site oĂč sâentrelace les lignes de vie », « le milieu oĂč la vie est vĂ©cue ». Il rappelle que Michel Serres a observĂ© quâen français, temps valaient tant pour le temps qui passe que pour le temps quâil fait. Du latin tempus dĂ©coule plusieurs termes dont tempo et tempĂȘte. Aussi, temperare qui veut dire « mĂ©langer », donne tempĂ©rature, tempĂ©rĂ© et tempĂ©rament. Nos tempĂ©raments sont altĂ©rĂ©s pas les fluctuations environnantes, par notre perception des rapports de rythme, par lâair qui nous entoure. Szerszynski explique que les mĂ©tĂ©orologistes Ă travers leurs calculs et leurs mesures « ont enfermĂ© le climat, tentant dâapprivoiser son indocilitĂ© matĂ©rielle et sĂ©miotique et de la soumettre Ă un type dâinterprĂ©tation trĂšs particulier ». Rationaliser le climat, câest lui soustraire sa dimension affective.
Les marches mĂ©talliques permettent de suivre les trajectoires de chacun, quâelles soient humaines ou canines. Certains parlent dâun bruit strident, de grincements de ferraille, dâautres de vibrations orageuses, certaines font part de leur impression de fragilitĂ© dangereuse. Lorsquâelles sont parcourues, ça se met en branle.
Il parait que si les mĂ©tĂ©orologistes peuvent prĂ©dire la trajectoire dâune tempĂȘte, ils ne peuvent en revanche nullement anticiper la force et le point de chute de la foudre. Le lieu se meut, et lâon y respire librement son air dans son ambiance de plomb. Aujourdâhui, il nâaccumule plus des litres mais pĂ©niblement quelques lignes.
SâĂ©prouver Ă©prouvĂ©s en ce lieu qui fait impression.
La horde
Dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 septembre 2018, aux alentours dâ1h30, les chiens de Cannes-et-Clairan ont hurlĂ© Ă la mort, en chĆur. Le chant sâest reproduit sur les coups de 3h avec beaucoup de vigueur. « Ahoo ahoo ! ». Ă 5h du matin, Looky, chien fidĂšle et vigilant, a descendu les marches et a tentĂ© dâouvrir la porte, en vain.
Au dix-neuviĂšme jour, lâami revenu installe la radio pirate sur le toit de la guinguette. Au vingtiĂšme jour, les postes radio prolifĂšrent dans lâensemble du bĂątiment, et entrainent par consĂ©quence une rarĂ©faction des espaces silencieux. Le temps est particuliĂšrement suffoquant. Nombreux sont ceux qui font part dâune incapacitĂ© Ă trouver leur place, et beaucoup trouvent refuge dans la salle centrale, les uns Ă cĂŽtĂ©s des autres luttant contre leur Ă©parpillement. Plusieurs exercices aux mĂ©thodologies variĂ©es ont tentĂ© de dĂ©finir quelle Ă©tait la visĂ©e commune. Les jours passent, la tension monte. La frĂ©quence collective : 107.9.
Sur les murs, des tuyaux se dressent vers le plafond, tubes dâamplification, instruments Ă vent attendant leur souffle.
Les celtes, pour effrayer leurs ennemis romains, sâarmaient de trompes de guerre, les carnyx. Long tube vertical dâ1m80 muni dâun pavillon perpendiculaire, il se distingue par sa figure de monstre zoomorphique. Rappelant la hure dâun sanglier, ses oreilles gigantesques peuvent mesurer jusquâĂ 45 centimĂštres. Dans sa gueule, une languette mĂ©tallique vibrante permet dâamplifier le son et son aspect terrifiant. Contrairement aux instruments guerriers romains qui servaient simplement Ă marquer la cadence, ces trompes avaient une fonction sacrĂ©e, celle de conjurer le sort et de stimuler les corps. Les carnyx rĂ©sonnaient entre autres chants guerriers, cris, insultes, grimaces et danses rituelles, aidant le combattant Ă atteindre la « furor ». Lâhistorien grec Polybe raconte que lorsque retentissaient les carnyx de lâarmĂ©e gauloise « les lieux voisins rĂ©sonnant de concert semblaient eux-mĂȘmes pousser des cris ».

La Horde
Sur lâextrĂ©mitĂ© des tuyaux rouges, il ne reste quâĂ accrocher leurs visages de monstre. Les silos aux murs de sang gardent dans leur enceinte les frĂ©quences et les cadences. Si le Temple au Livre de Cannes-et-Clairan se fissure dangereusement, ici sâinventent des rituels et des lieux de recueillements. Dans les couloirs, sur les tables et Ă©tagĂšres, sont accrochĂ©s de nombreux masques. Pour complĂ©ter lâattirail, des masques en plomb ont Ă©tĂ© coulĂ©s. SauvĂ©e de la fusion, cette ligne-squelette rĂ©siste : « Ils mentent la plupart du temps ! Cette vie Ă©bouriffĂ©e, quâils ».
Nous lâattribuerons Ă Looky, dont la sagesse et lâintranquillitĂ© nous rappelle rĂ©guliĂšrement que lâharmonie ne peut ĂȘtre nĂ©cessairement que temporaire.
Le drapeau noir dans la cour reprĂ©sente deux sommets sous lâĂ©gide dâun soleil radieux.
Pas dâaurore sans crĂ©puscule.
Le cygne noir
Lâhistoire de la commune de Cannes-et-Clairan a Ă©tĂ© traversĂ©e par de nombreux conflits autour de lâeau. DenrĂ©e rare, les propriĂ©taires des puits nâen laissaient lâaccĂšs quâĂ titre onĂ©reux. Ă lâancienne coopĂ©rative, la vinification a laissĂ© derriĂšre elle un liquide prĂ©cieux, une cave remplie non pas de vin mais dâeau. Aujourdâhui lâeau en stagnation permet le remplissage de cuves en plastique, et donc une rationalisation Ă©cologique de lâutilisation de lâeau.
Au matin, la brume envahissante se dissipe rapidement. Les moustiques tigres, eux, prolifÚrent tout au long de la journée. Or, il semblerait que la mesure la plus importante pour lutter contre ces nuisibles serait de se débarrasser de toute eau stagnante.
Le cygne noir est originaire dâAustralie et de Tasmanie, lui aussi frĂ©quente les milieux humides et les plans dâeau douce ou saumĂątre de faible profondeur. Commun avant lâarrivĂ©e des colons, sa persĂ©cution a participĂ© Ă la diminution de ses effectifs. Certains se sont rĂ©fugiĂ©s dans des zones moins accessibles, permettant le maintien de lâespĂšce. De surcroit, lâintervention humaine au profit de sa prĂ©servation fait quâaujourdâhui les autoritĂ©s de certaines provinces se trouvent dans la nĂ©cessitĂ© de limiter leur prolifĂ©ration pour protĂ©ger les cultures.
Le cygne noir fait par ailleurs lâobjet dâune thĂ©orie dĂ©veloppĂ©e par le statisticien Nassim Nicholas Taleb. Le terme cygne noir dĂ©signe dans cette thĂ©orie un Ă©vĂ©nement imprĂ©visible ayant une faible probabilitĂ© de se dĂ©rouler, soit, un « Ă©vĂ©nement rare », imprĂ©vu, Ă grandes consĂ©quences. Il a pour autre nom « risque silencieux ».
Pour identifier un cygne noir, il faut que :
- LâĂ©vĂ©nement soit une surprise pour lâobservateur
- Que lâĂ©vĂ©nement ait des consĂ©quences majeures
- Quâil soit rationalisĂ© a posteriori comme sâil avait pu ĂȘtre attendu. Ce qui veut dire que les informations qui auraient permis de prĂ©voir lâĂ©vĂ©nement Ă©taient dĂ©jĂ prĂ©sentes mais non prises en compte par les programmes dâattĂ©nuation du risque, ou par la perception des individus.
Holmes Rolston â â â , pĂšre de lâĂ©thique environnementale amĂ©ricaine, Ă©crit en 1995 que lâapprĂ©ciation esthĂ©tique du paysage repose sur le jeu de lâimagination de lâindividu. Selon lui, nous sommes tous des esthĂštes au sens originel, composĂ©s de chair et dâos « nous cheminons de façon sensible dans le monde ».
Certains de ses mots rĂ©sonnent aujourdâhui comme un manifeste : « Si la science devait un jour nous an-esthĂ©sier, une valeur pour notre propre bien-ĂȘtre corporel, nous ne pourrions survivre. [âŠ] Si la science devait un jour nous an-esthĂ©sier Ă la beautĂ© des paysages, nous ne pourrions pas nous Ă©panouir. »
Cette esthĂ©tique dit-il, doit ĂȘtre fondĂ©e sur la beautĂ© de la vie, lieu oĂč « nous sommes, oĂč nous vivons et oĂč lâon se meut ».
Une statue est entreposĂ©e dans les toilettes de lâancienne coopĂ©rative. TĂȘte de sanglier, ailes Ă plumes de rouilles, gueule ouverte, corps famĂ©lique, pieds ancrĂ©s dans le sol ; dans la main gauche quatre piques menaçantes. Forme totem de courage, il dĂ©fie et inspire.

Image Cygne noir
Dans la salle centrale flotte une veste que personne ne peut vĂȘtir selon Jean-Claude. Cette veste sculpturale a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en hommage Ă LĂ©o FerrĂ©. Noire, avec ses ailes rouges dans le dos, elle est surtout tapissĂ©e Ă lâintĂ©rieur dâanciennes paroles du dĂ©funt. Cela lui donne son supplĂ©ment de libertĂ©.
Sur les nappes rouges et dans les cuves noires, les individus se mĂȘlent et sâĂ©coutent aprĂšs leur journĂ©e de labeur.
Ă lâentrĂ©e du bĂątiment ce mot dâordre pour qui sâen saisit : « Cne de Cannes & Clairan. Vignerons !.. Ă lâouvrage, voici venir Lâorage ».
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